- Année : 1907
- Etat : Bon
Jeanne Détourbay, dite de Tourbay (1837-1908), comtesse de Loynes en 1872, dont le salon fut un important lieu de réunion littéraire et politique. [...] Née de père inconnu et d’une mère ouvrière à Reims, elle fugue à 14 ans, pour venir à Paris où elle fréquente les bals publics et rencontre Marc Fournier directeur du théâtre de la Porte Saint-Martin qui la prend sous sa « protection ». Elle devient rapidement une prostituée de haut vol ! Le prince Jérôme Napoléon l'a installée 18 rue de l'Arcade où elle recevait le vendredi. Elle eut une liaison avec le diplomate Turc Khalil-Bey venu à Paris soigner une syphilis qui aurait dépensé plusieurs millions en trois ans pour entretenir Jeanne Tourbey. Le prince Jérôme lui a donné une maison au « Parc des Princes » avec des remises, des écuries etc.. On peut compter parmi ses amants : Alexandre Dumas, Théophile Gautier, Sainte-Beuve, Girardin, Flaubert. Elle épousa religieusement en 1871 le comte Edgar de Loynes. Son salon était un centre du mouvement boulangiste et plus tard du mouvement nationalisteau 152 avenue des Champs-Élysées. Elle légua la moitié de sa fortune à Jules Lemaitre.
Carte postale autographe signée. Bon état general.
Ecriture claire et bien lisible. Dimensions 9 x 14 cm environ.
Adressé à Marthe Daudet, épouse de Léon Daudet.
“ Avons été là hier [ à Dinan ] … "
Correspondance amicale à découvrir. Belle signature " J. de L. "
[ Biographie : Marie-Anne Detourbay (1837-1908), dite Jeanne de Tourbey, fillette issue d'un milieu pauvre, employée à 8 ans au rinçage de bouteilles de champagne, quitte Reims, sa ville natale, à 15 ans pour, dit-elle, avoir " Paris à mes genoux ". Le premier à y être, Dumas fils, la baptise " la Dame aux violettes " et la laisse à Émile de Girardin qui la "cède " au prince Napoléon. Dès lors, ouvrant un salon littéraire, elle commence une carrière d'égérie.
Flaubert lui adresse de folles lettres d'amour. Grande dame du Tout-Paris, elle fait aussi bien des hommes politiques que des académiciens. Il n'est pas impossible qu'elle soit le modèle de L'Origine du monde, le tableau de Courbet qui fit scandale. En 1870, Ernest Baroche, personnage du gouvernement, meurt en défendant Paris. À Jeanne, qu'il voulait épouser, il laisse une fortune qu'accroît le comte Edgar de Loynes, qui l'épouse et disparaît aux Amériques.
Puissante sous le Second Empire, elle l'est encore dans les trente premières années de la Ille République, régnant sur ce qu'il y a de plus en vue dans le monde de la littérature et de la politique. Partie prenante du boulangisme et de l'affaire Dreyfus, elle est efficace, voire indispensable, à la création d'un mouvement et d'un journal aussi importants que L'Action française. De Sainte-Beuve à Mata Hari, de Gounod à Marie Curie, de Renan à Clemenceau, tout ce qui, pendant un demi-siècle, compta dans les arts, les lettres, la politique, aura croisé pour un moment la vie extraordinaire de la comtesse de Loynes.
Inspiratrice et conseillère, elle exerça avec une exceptionnelle discrétion son influence sur les choses et les êtres, s'appliquant à rester dans l'ombre. C'était, jusqu'ici bien oubliée, l'une des femmes les plus curieuses et passionnantes de notre histoire.
Source : La comtesse de Loynes : Du Second Empire à l'Action française De Dumas père et fils à Proust. Par Pierre-Robert Leclercq. ]